En 1918, les frères Michelin écrivaient en préambule du Livre d'or du personnel mobilisé des usines Michelin : « Le jour de la mobilisation, le samedi 1 er août 1914, pendant que les cloches de la cathédrale sonnaient et que les sirènes de l'usine hurlaient, 2.000 hommes quittèrent leur travail, sans un cri, sans un chant, avec la froide détermination des gens qui ne demandaient qu'à rester en paix mais qui étaient prêts à faire leur devoir jusqu'au bout, et sortirent pour aller dire adieu à leur famille avant de partir pour le régiment, laissant à leurs anciens non mobilisés le soin de terminer le travail en cours. La paie de tous ces hommes, dont quelques-uns devaient être rendus dès le lendemain matin dans leurs unités, fut exécutée dans la nuit, entre minuit et deux heures du matin. L'énergique résolution prise ce jour-là de faire tout leur devoir pour le salut de la Patrie, ils l'ont tenue… jusqu'au bout. Les preuves de leur abnégation, de leur courage, de leur dévouement, de leur sacrifice, de toutes les vertus militaires qui les animaient, se lisent dans ce Tableau d'Honneur…
Plusieurs bombardements de nuit à longue distance en pays ennemi
Pour résumer l'ouvrage, notons qu'il rend hommage au courage et aux sacrifices de 3.405 mobilisés, dont 463 sont « morts pour la France ». Au chapitre des récompenses, il signale la délivrance de 39 Légions d'honneur, 91 médailles militaires, de 773 Croix de guerre et de 1.080 citations pour actes de bravoure… Il mentionne également l'obtention par des membres du personnel Michelin d'une Croix militaire anglaise, d'une Croix de guerre américaine, et de deux Croix de Saint-Georges russes… Il y aurait une enquête à faire pour connaître les raisons de ces récompenses…
Parmi les citations de ce « Tableau d'honneur », Louis Ager, né en 1881 à Sermentizon, chasseur au 14 e Bataillon de chasseurs alpins, « mort pour la France » le 17 février 1915, au col de la Schlucht… ; Pierre Pouzol, né en 1878 à Ennezat, sous-lieutenant au 305 e régiment d'infanterie, « officier d'un moral élevé, esclave du devoir. Le 26 octobre 1916, a trouvé une mort glorieuse devant Verdun, en allant lui-même sur la ligne de feu raffermir le courage de ses hommes et rectifier le front ».